Blue Magic: La plateforme de crowdfunding consacrée au Hip Hop francophone



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Laissez nous vous présenter trois jeunes hommes ambitieux dont la passion pour le rap, les a conduit à développer un concept de crowdfunding dedié au rap francophone.

Interview 


Peux-tu te présenter ?

Moi c’est Simon, co-fondateur de Blue Magic France. J’ai une Licence en Médias, Culture et Communication de UCL. 
En fait, nous sommes 3 dans l’équipe, Nicolas est le fondateur. Il venu à moi avec le projet que j’ai tout de suite voulu intégrer car l’idée me tentait à fond, depuis le projet a beaucoup changé, nous sommes en perpétuelle évolution. Nico sort de l’école de commerce SKEMA et s’occupe de tout ce qui est commercial et finance, je gère la communication, les partenariats et les relations avec les artistes, et notre troisième associé Youssef s’occupe des relations presses. 

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Simon, Co-fondateur de Blue Magic France

"On voulait offrir une alternative aux artistes de pouvoir se financer sans avoir à coller aux formats médiatiques en créant notre propre média pour eux."

Présente-nous le projet Blue Magic ? 

Blue Magic est une plateforme de crowdfunding dédiée au hip hop francophone. La plateforme tourne autour de 3 aspects. C’est une plateforme média hip-hop, mais nous sélectionnons les artistes que nous intégrons, ce sont ceux que nous estimons de qualité. Cela peut paraître subjectif mais il faut bien choisir et nous essayons de toucher tous les styles de hip hop. À l'image de Blue Magic, dans l’équipe Nicolas aime les instrumentales "trap" avec des refrains chantés alors que je préfère un rap plus «chillwave», c’est ça aussi qui nous permet de satisfaire un public relativement large.

C’est également une plateforme d’écoute. Nous avons un partenariat avec Spotify pour les projets payants et Haute Culture pour les projets gratuits. Nous avons intégré les players de chaque site pour chacun des projets. Et enfin le 3 ème aspect le plus important, c'est le crowdfunding. Il permet au public en échange d’une contribution, de bénéficier de rencontres avec les artistes ou d'assister à une session studio par exemple. Ce sont les artistes qui choisissent leurs contreparties. On leur donne un catalogue et ils choisissent. Certains même en rajoutent ! Moyennant une centaine d’euros, tu peux rencontrer SHiSH et SKoNK en atelier roulage et dégustation par exemple.

En atelier roulage de quoi ? 

Ça on ne le précisera pas. (rires) 


Pourquoi Blue Magic ? 

"Blue Magic is a Brand name, like Pepsi is a Brand name, I stand behind it" comme dirait Franck Lucas. (rires) Blue Magic est une référence au film "American Gangster", c'est le nom de la came que vend Denzel Washington. On a choisi ce nom car on veut que le projet devienne aussi viral que la "Blue Magic" dans le film. C'est aussi une référence à la "Blue note". La note bleue est utilisée par les musiciens et les chanteurs de blues et de jazz à des fins expressives, pour illustrer la nostalgie ou la tristesse lors de la narration d'une histoire personnelle. Le terme "blue" vient de l'abréviation de l'expression anglaise Blue Devils (littéralement « diables bleus », qui signifie « idées noires »). 

Quels sont les débuts de Blue Magic ? 

L’idée a énormément évolué. À la base, ce projet de crowdfunding était pour un autre domaine complètement différent et plus rentable. Honnêtement, je ne m’en rappelle plus, c’était très pointu. Puis on s’est dit : « Pourquoi ne pas faire ça dans un domaine qu'on aime ? La musique, le hip hop. » Nicolas s’est directement tourné vers moi, étant donné mes compétences en communication et mes connaissances en hip hop. 
En fait, on en avait marre de ne pas vraiment avoir de radio hip hop que ce soit à Lille ou ailleurs. Il y a Skyrock aujourd’hui, mais sur 10 sons, il en passe 8 de Maitre Gims ! On voulait offrir une alternative aux artistes de pouvoir se financer sans avoir à coller aux formats médiatiques en créant notre propre média pour eux. Le but est qu’ils continuent à faire ce qu’ils aiment sans avoir à changer leur direction artistique pour plaire.

Pourquoi le hip hop ?

Nicolas et moi avons grandi avec le hip hop. Lui, en banlieue parisienne et moi en banlieue de Lille. Dès la primaire, on était à fond dans le hip hop ! Je me souviens encore de moi, avec le livret de "Cinquième As" musique à fond, essayant d'apprendre les paroles et rapper comme MC Solaar. Pareil avec Lunatic, les Sages Po, Secteur A, Arsenik...
Pour nous le Hip-Hop n'est pas un courant musical, une mode ou une sous-culture, c'est un mode de vie.

Justement quelles sont tes influences ? 

Dans le hip hop français pour moi, il y a un dieu, MC Solaar. Ceux qui arrivent à manier la langue française comme lui sont assez épatants. J'aime beaucoup Booba, Lino, ou les artistes qui ont un personnage travaillé comme Seth Gueko, et aujourd'hui Gradur. Côté américain, je suis sensible à la nouvelle scène d'Atlanta avec des mecs comme Ilovemakonnen, Rich Homie Quan, Young Thug, mais sans oublier les anciens comme Mobb Deep, que j'ai eu le plaisir de voir au "Magazine Club" de Lille. Ils m'ont "cloués" ! 2h de showcase, ils respectent à fond leur public... Après, on essaie d’apprécier tous les styles de musique à leur juste valeur. Quand on a envie « d’entertainement », on écoute de la trap ou de la drill et quand on a envie qu’on nous fasse la moral, on écoute du Kerry James ! (rires)

"Oui, il y a la crise du disque mais nous voulons montrer qu’il peut y avoir de nouvelles opportunités pour les artistes dans le digital." 

Comment recrutez-vous vos artistes ?

À la base, nous sommes partis de zéro ! On a fait du démarchage, on avait parfois une réponse pour 20 messages ! Mais avec de l’acharnement, on a réussi à avoir une base d’artistes qui reflète bien notre état d'esprit, des novices, des confirmés... On mixe le tout (rires) nous sommes assez fiers de nos artistes. Tous les ceux présents sur le site sont des artistes que j’écoute très fréquemment, ils ont été trié sur le volet de manière à ne garder que les plus motivés et les plus prometteurs. En ce moment, on tourne autour de 16 artistes et on voudrait arriver à la vingtaine d’ici quelques semaines. 

Maintenant que le site est créé, depuis le début du mois de mars, on reçoit pas mal de candidatures. On va intégrer plusieurs nouveaux rappeurs, on explique quand même qu’on fait une sélection. On ne prend pas tout le monde. On pourrait et ce serait plus rentable de faire comme Ulule ou Kiss Kiss Bank Bank mais on tient vraiment à ce côté « sélection » pour attirer un public de connaisseurs. Je n’aime pas dire le terme « puriste » parce qu’aujourd’hui il n’y a que des pseudo-puristes ! Peut-être bien que j’en suis un ! Je ne sais pas ! Mais on veut vraiment créer une réelle communauté hip hop grâce au site. 

Qu’est-ce que cela apporte aux artistes d’être sur Blue Magic ?

On leur propose tout simplement de récolter des fonds de leur public, c'est le meilleur moyen de rester entièrement indépendant au niveau de leur direction artistique. Nous nous chargeons d’organiser les contreparties. Mais ils sont aussi responsables et doivent tenir leur engagements.
On offre également un média fort pour relayer leurs actualités et créer une communauté.


crowdfunding
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Et quels sont les avantages pour le public ?

Par exemple, une personne arrive sur le site et elle ne connait pas du tout le concept. Sur la page d’accueil, elle peut lancer le player et découvrir de nouveaux artistes, si elle a un coup de coeur, elle peut aller sur sa page. Là, elle peut voir que pour 10€ par exemple, elle sera remerciée sur Facebook ou Twitter par l’artiste. 20€ c'est une photo dédicacée, 60€ une rencontre pour la plupart des artistes, il n’y a que la MZ qui est un peu au dessus niveau prix. 

Hormis les avantages pour les particuliers, on propose aussi un service de booking qui permet de booker les artistes directement avec une réduction. On leur demande de faire un petit geste. Par exemple, il est possible ramener Eddie Hyde à son événement pour 600€, la MZ pour 1500€, Pink Tee pour 400€. On s’adresse aux particuliers mais aussi aux associations.

En finançant leurs artistes préférés, le public a du pouvoir, il choisit et on ne lui impose rien. Selon le motto: "For us by us !"

Est-ce que vous prévoyez d’organiser vos propres soirées par la suite ?

Oui, mi-mai au "Magazine Club", nous organiserons la première "Blue Magic Party" avec des lives et des DJ. Pour l'instant la MZ, Eddie Hyde, Franglish et Pink Tee seront de la party. À coté de ça, des événements sont prévus à Reims et Paris, même s’il n’y a encore rien de confirmé. Mais on ne compte se spécialiser dans l’événementiel. Pour nous, c'est juste une manière de célébrer notre projet et de se réunir pour écouter du bon son. 

josman

Avez-vous avez eu besoin de financement ?

Oui, on a fait une campagne de levée de fond. Nous sommes aussi incubé à l’Institut de l’Entreprenariat de l’Université Catholique de Lille. C’est plutôt cool puisqu’il nous mettent à disposition les locaux, internet et une ligne téléphonique. Ils nous ont également octroyé un prêt d’honneur à taux zéro. Au total, avec les aides d’Entreprendre au Nord et celle de la Mission Locale, on a pu lever une belle somme.

Vous vous êtes lancé dans l’industrie de la musique, un milieu en pleine crise, ça ne vous fait pas peur ?

Non, par exemple, quand on voit que le nouvel album de Kendrick Lamar a été streamé 9,7 millions de fois sur une journée, c’est quand même impressionnant ! Et il est rémunéré sur ce streaming. Oui, il y a la crise du disque mais nous voulons montrer qu’il peut y avoir de nouvelles opportunités pour les artistes dans le digital. On voit qu’il y a de plus en plus de sociétés qui s’y mettent comme Believe. C’est un de nos partenaires, ils gèrent les droits musicaux des artistes autant locaux que nationaux. Ils ont compris qu’il ne faut pas se consacrer uniquement aux gros poissons mais à un ensemble d’artistes. On peut tendre à un système où tout le monde est gagnant. 

Sur le site, on intègre le player Youtube ou Vevo pour que les vues des artistes continuent à grimper et qu’ils puissent percevoir leur royalties. On a également intégré le player Spotify  pour qu’ils soient rémunérés à chaque écoute. On se plaint toujours de la crise du disque mais il existe encore de belles opportunités, il suffit de voir les ventes de Gradur ou de Lacrim ! Je pense qu’aujourd’hui le hip hop est le style de musique le plus écouté en France ! 

Es-tu dédié à 100% à la communication de Blue Magic ?

Moi j’ai un autre travail à côté. Je suis responsable de la communication du club de water polo de Lille, ce qui me permet de vivre le temps que la boîte soit pérenne. Nicolas, lui est a 100% dessus, il a quitté la SKEMA récemment pour s’y consacrer pleinement. 
C’est un milieu sympa après c’est vrai qu’il est un peu compliqué à intégrer. Tu peux tomber sur des gens très agréables et professionnels ou d’autres un peu plus compliqué à gérer. Mais nous avons la chance d’être à Lille, nous ne sommes pas dans le bassin de requins. On doit juste plonger dedans de temps en temps…

Pourquoi est-ce une force d’être à Lille ? 

Tout simplement parce qu’on peut avoir une vison plus globale. On sait qu’il ne faut pas mépriser la province. L’exemple type c’est Gradur ! Ça fait un an qu’il rappe, il est sorti de nul part ! Il vient de Lille et c’est une fierté pour la région. Aujourd’hui, tous les artistes sont prêts à faire des concessions pour faire des dates sur Lille. Ils ont compris qu’on est dans un bassin très populaire et qu’il y a un énorme potentiel. Le Nord est une région qu'on a tendance à dénigrer à tord, on peut voir qu'à Lille ça bouge. On rencontre tous les jours des jeunes qui créent des assos, des entreprises, un peu comme nous, et la force lilloise c'est qu'il y a une vraie entraide ! On se réunit entre jeunes motivés ! (rires) On suit beaucoup des structures comme Rhoots Couture ou WithUs qui sont des amis. Il y a un très gros public ici, il ne faut pas croire que le hip hop est parisien ! Les marseillais sont très présents aussi. C’est aussi ce que l’on essaie de montrer via le site. 



Donc, vous avez des rappeurs de toute la France ?

On essaye. Même en dehors de France, Jones Cruipy vient de Bruxelles et Godié du Luxembourg. En France, il y a Josman qui vient de Vierzon par exemple. Si on m’avait annoncé un rappeur de Vierzon, j'aurais pas signé tout de suite ! (rires) On a également 2 groupes de Reims, Pink Tee de Lille, Sleyfa de Strasbourg, Retro X de Toulouse, Révolution Urbaine de Marseille ...

On veut vraiment montrer qu’il y a du talent partout. On pense que Blue Magic peut vraiment être une sorte de schéma gagnant. Nous avons la volonté d’offrir un média fort en ramenant des artistes avec un peu plus de notoriété et d’autres moins connus mais qu’on estime tout de même talentueux et qu’on souhaite mettre en avant. Chacun ramène son public et ça bénéficie à tout le monde. 

Le client qui paie pour rencontrer un artiste va passer un bon moment : boire un verre et parler musique. Comme nous quand on démarche, c’est plus agréable et on fait ça avec plaisir finalement. Il va devenir un client ambassadeur et se sentir concerné par la carrière de l’artiste, relayer toutes ses actualités et ce sera lui le média fort au final. En accumulant tout ses ambassadeurs, on peut créer un média très puissant pour le hip hop ! Après, nous ne sommes encore qu’à l’état embryonnaire de notre projet mais ça va arriver, je ne m’en fais pas trop. Ce n’est qu’une question de temps…

Est-ce que vous allez intégrer des rappeurs étrangers ?

On va intégrer des rappeurs qui vivent à l’étranger mais qui sont français comme Le Huss, de Birmingham. Pour le moment, notre base est le hip hop francophone mais on ne veut pas s’arrêter là. On ne va se reposer sur nos lauriers. Dès qu’on se sentira près et qu’on aura les moyens de le faire, on s’exportera. On espère aller vers l’Angleterre, on est très intéressé par le rap anglais, la "Gryme". On espère aussi s’ouvrir à d’autres styles musicaux. Ce ne serait pas nous qui gérerions ça parce qu’on n’y connait rien, mais l’électro, ça peut être génial ! C’est un style qui parle à tout le monde, il n’y a pas de barrière de langage et l’électro française est bien cotée dans le monde. On peut vite s’exporter mais pas tout de suite, nous voulons poser des bases solides avant de construire dessus.




Et peut-être intégrer des filles aussi ?

Ouais ! (rires) Les rappeuses sont en général plus frileuses pour des projets comme ça. Je voulais qu’on intègre La Go De Feu au projet mais son manager préfère attendre de voir comment ça se déroule et ne pas prendre de risques pour l’instant. Après, c’est en prenant des risques que l’on se fait connaître, il faut oser ! Mais c’est vrai qu’on a la volonté de représenter tous les styles, tous les courants, tous les mouvements, toutes les ethnies, toutes les régions et tous les sexes.

Blue Magic en 3 mots ?

Ambitieux, novateur et passionné.

Quelle est la suite pour vous? 

Moi dans l’équipe, je suis toujours celui qui réfléchi à court terme et Nicolas à long terme. Je pense aux artistes qu’on va intégrer ou aux posts Facebook qu’on va devoir faire demain ! (rires) Globalement, ce qu’on veut clairement, c’est ne pas s’arrêter, une perpétuelle évolution est le secret d'un projet solide.  Après, je ne sais pas de quoi demain sera fait mais on espère s’ouvrir à d’autres styles et à d’autres pays grâce à nos futures rencontres.



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